Nutrition du bébé : de nouvelles directives diététiques américaines dès la grossesse en 2020

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De nouvelles directives diététiques pèsent sur les femmes enceintes, les nourrissons et les jeunes enfants aux États-Unis. En effet, il y a de nouvelles preuves troublantes que l’épidémie d’obésité pourrait commencer dans la salle d’accouchement, ou même avant.

Votre bébé ou votre tout-petit peut être prédisposé à l’obésité, au diabète et à d’autres maladies liées au mode de vie moderne.

La prévention de l’obésité et du diabète dès la grossesse

Historiquement, les législateurs et les professionnels de la santé ne se sont pas concentrés sur ce que les bébés et les tout-petits mangent exactement et en quelle quantité. C’est sur le point de changer en Amérique.

Lorrene D. Ritchie, spécialiste en nutrition et en politiques nutritionnelles à Berkeley, en Californie, explique cette prise de conscience :

Il fut un temps où nous ne considérions pas les enfants de 0 à 2 ans comme une cible pour la prévention de l’obésité. Nous estimions que les jeunes enfants étaient beaucoup plus habiles à s’autoréguler. L’obésité est le canari dans la mine de charbon pour la santé.

C’est un peu comme le changement climatique de la santé publique.

La semaine dernière, le groupe qui rédigera les recommandations nutritionnelles 2020 a tenu sa première réunion de deux jours à Washington.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux et le ministère de l’Agriculture ont publié des préconisations nutritionnelles tous les cinq ans depuis les années 80. Cependant, au sujet des bébés et des tout-petits, ils ont toujours fait confiance aux mamans. Pour ces prochaines recommandations d’ici 2020, ils fourniront pour la première fois des recommandations solides et basées sur des données probantes à destination des femmes enceintes, des nourrissons et des jeunes enfants.

Une absence de préconisations par le passé

Pourquoi n’y a-t-il pas eu de recommandations alimentaires pour ces populations vulnérables sur le plan nutritionnel dans le passé ? Les lobbies de l’agroalimentaire dont les aliments et préparations pour bébés, dont le chiffre d’affaires s’élève à 70 milliards de dollars, ont tout intérêt à empêcher la diffusion de messages clairs – des messages comme « le sein, c’est mieux » – pour atteindre le public cible : les femmes enceintes ou les nouvelles mères.

Une question plus pertinente est de savoir pourquoi ces données démographiques sont examinées seulement maintenant, après des années de négligence. Il s’avère que l’effort est en train de germer depuis une décennie.

De premières alertes timides en 2008

En 2008, la revue médicale britannique The Lancet publiait des articles qui identifiaient la période allant de la conception à 24 mois comme jouant un rôle puissant dans le développement du cerveau et de la santé future des enfants. Ils ont constaté que les conséquences de la malnutrition pendant cette période étaient irréversibles et qu’elles étaient liées à une prédisposition à l’obésité, aux maladies cardiaques et autres problèmes de santé.

Lucy Martinez Sullivan, fondatrice et directrice exécutive de l’association à but non lucratif 1 000 days basée Washington aide au quotidien les mamans et enfants depuis la conception jusqu’au 2ème anniversaire (1 000 jours) à améliorer leur nutrition.

Les journaux ont changé notre façon de voir la faim et la nutrition. Nous avons pensé que si nous nous concentrons sur les 1000 premiers jours, nous avons une période pleine d’opportunité.

Les États-Unis n’ont cessé d’être présents sur ces tableaux de pays problématiques en ce qui concerne l’insuffisance pondérale à la naissance, l’allaitement au sein et l’embonpoint chez les enfants.

Un faible poids à la naissance peut être un facteur de risque d’obésité plus tard dans la vie. Ce bébé est programmé pour avoir un type de corps qui accumule ces calories. Et si un enfant fait de l’embonpoint avant l’âge de 5 ans, il y a un grand risque qu’il soit atteint d’obésité toute sa vie. Ça peut être une condamnation à perpétuité.

Les parents se tournent vers de plus en plus vers les groupes Facebook et les forums spécialisés dans la nutrition prénatale et postnatale.

Des lobbies bien installés dans la niche

Selon Roger Thurow, auteur du livre The First 1,000 Days paru en 2016, de nombreuses organisations lucratives se sont emparées de la niche.

Le gouvernement est longtemps resté silencieux, de sorte que beaucoup d’autres voix, dont de nombreuses à but lucratif, se sont entassées.

Qui a eu de l’influence dans cette période ? L’influence de l’entreprise : le marketing et la publicité d’aliments malsains directement auprès des enfants.

C’est en cela que ces nouvelles recommandations iraient à l’encontre de la culture établie – et des lobbies installés.

Il y a un élan grandissant pour examiner les taux d’anémie, l’obésité infantile, la prévalence croissante du diabète et d’autres maladies et affections liées à la nutrition, ainsi que le coût cumulatif. Dans notre pays, un enfant sur six grandit dans une famille en insécurité alimentaire.

Et de conclure :

Cela devrait nous concerner tous.

Les attentes des spécialistes

Il est trop tôt pour savoir quelles recommandations précises le comité formulera, mais Lorrene D. Ritchie, chercheuse en nutrition de santé publique, aimerait deux choses :

  • Une préférence pour l’allaitement maternel au lieu des préparations infantiles
  • Une diversification avec des aliments solides dès 6 mois, en mettant l’accent sur une alimentation essentiellement végétale, faible en sucre, sel et gras.

Une autre lacune des directives actuelles est qu’elles ne donnent aucune recommandation pour la consommation d’eau alors même que d’autres pays incluent des recommandations sur l’eau.

Selon elle, l’eau devrait être proposée aux bébés dès leurs six mois afin de faire barrage aux boissons sucrées.

Même les nourrissons à partir de 6 mois devraient pouvoir boire de l’eau dans une tasse.

Idéalement, les seules boissons que les enfants devraient boire sont le lait et l’eau, aucune autre boisson sucrée artificiellement ou naturellement.

La fondatrice de 1 000 days Lucy Martinez Sullivan indique quant à elle que ces lignes directrices pourraient aider à déterminer les aliments qui sont servis par de nombreux programmes et organismes publics et privés, à l’instar du Programme national de repas dans les écoles (National School Lunch Program) au Programme spécial de nutrition supplémentaire pour les femmes, les nourrissons et les enfants (Special Supplemental Nutrition Program for Women, Infants, and Children). En 2016, 8,8 millions de femmes, de nourrissons et d’enfants à faible revenu étaient inscrits au WIC.

La plupart des adultes connaissent ce qu’on appelait autrefois la pyramide alimentaire de l’USDA créée par le ministère américain de l’Agriculture en 1992, revisitée en 2005 et et qui s’appelle maintenant MyPlate.

Ils peuvent encore l’ignorer complètement, préférant les aliments transformés et beaucoup de sucre aux aliments entiers et aux viandes maigres.

Nous faisons des folies ; nous promettons de faire mieux demain.

L’auteur Roger Thurow pense que les bébés, les tout-petits et les femmes enceintes peuvent être de meilleurs élèves.

Il y a une soif de savoir . Auelle est la meilleure alimentation pour moi et que dois-je faire pour cet enfant ? C’est l’un des points communs que j’ai trouvé en suivant les mamans partout dans le monde.

Nous disons toujours que les enfants sont notre avenir. Si c’est vrai, pourquoi ne veillons-nous pas à ce que tous nos enfants prennent un bon départ dans la vie ?