Le faire part de naissance sur les réseaux sociaux : la fausse bonne idée

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Comme la plupart des nouveaux parents, il est impossible de décrire la joie et l’amour qu’on ressent à la naissance de son enfant. Pourtant, si ma joie réelle était bien immense et incroyable, mes réseaux sociaux sont restés placides et sobres. Une semaine après l’arrivée de notre premier-né, nous n’avions pas encore partagé le faire-part de naissance de bébé sur Facebook ou Instagram alors même que nous avions envoyé notre faire part de naissance avec Popcarte dans la vraie vie.

En fait, certaines personnes n’ont su que nous attendions un enfant que six mois après le début de ma grossesse. Nous n’avons pas posté de photo d’échographie « à l’ancienne » sur les médias sociaux.

Notre retard dans l’annonce de la naissance n’était pas intentionnel, la faute à un accouchement au calme qui se n’est pas passé aussi naturellement que prévu puis une semaine de convalescence à trois pour se découvrir et être choyés par l’équipe médicale. La dernière chose que nous avions en tête était de trouver une photo digne de ce nom et de rédiger une légende réconfortante. Nous avons à peine rassemblé assez d’énergie pour envoyer un petit mot d’annonce avec des photos à la famille et aux amis proches.

Le Sharenting, c’est quoi ?

Nous avons par la suite accueilli notre deuxième enfant, et cette fois encore, l’annonce « sociale » fut discrète mais sans photo. Pourquoi ? Il s’avère que je fais partie d’un nombre croissant de parents qui, pour diverses raisons, s’éloignent du partage en ligne – également connu sous le nom de « sharenting » – ou l’évitent complètement.

Pour être clair, je ne suis pas ici pour faire honte à qui que ce soit, bien au contraire. Comme tous les parents qui pensent avoir les enfants les plus mignons de l’univers, j’essaie toujours de trouver mon propre équilibre entre le respect de leur vie privée et le partage excessif de mes moments préférés avec eux.

La dictature du social au détriment de l’enfant

La modération est mon mantra mais, pour d’autres parents, le partage en ligne est la clé pour trouver ce réseau de soutien essentiel.

Pas pour les « j’aime ».

L’être humain a besoin de liens sociaux – il ne peut pas vivre sans, que ce soit physiquement ou psychologiquement. Le fait d’obtenir un « j’aime » déclenche une récompense dans notre cerveau ; c’est en partie ce qui rend les médias sociaux si attrayants.

Maintenant que les natifs du numérique comme moi – ceux qui ont grandi avec Internet et les médias sociaux – deviennent des parents, nous sommes de plus en plus conscients de la façon dont notre propre partage de contenu affecte la vie privée de nos enfants, tant dans le monde numérique que dans le monde « réel ».

Même si j’aimerai partager les images du visage chérubin de mes enfants, je me retrouve à mettre en balance la satisfaction temporaire de l’approbation d’Internet et la capacité de mon enfant à approuver ce joli gros plan – et la plupart du temps, c’est cette dernière qui prévaut.

Le droit à l’image, un droit inaliénable même pour les enfants

Un autre « coût » est la crainte que « les enfants puissent un jour en vouloir aux parents d’avoir divulgué des informations des années auparavant », écrit Stacey B. Steinberg, auteur d’une étude récente sur la vie privée des enfants à l’ère numérique.

Lorsque les parents partagent des informations sur leurs enfants en ligne, ils le font sans leur consentement. Ces parents deviennent les gardiens des informations personnelles de leurs enfants et les narrateurs des histoires personnelles de leurs enfants.

D’autre part, nous n’avons pas le droit de publier des photos de notre progéniture car le principe du droit à l’image prévaut pour tous les individus, majeurs ou mineurs. Autrement dit, partager une photo de son enfant est une pratique interdite car vous n’avez pas son consentement et, même si l’enfant est d’accord sur le moment, il n’est pas en capacité juridique de donner son accord. Reste qu’à l’age adulte, ces enfants affichés sur le web pourraient se retourner contre leurs parents en invoquant ce fameux droit à l’image.

Un faire part à l’ancienne

Pour couper court, préférez un faire part papier qui sera réservé à la cellule privée et permettra de garder un souvenir intemporel de cette nouvelle vie. Recevoir un courrier avec une telle nouvelle est loin d’être has been, croyez-moi !