La crise des 2 ans : comment la désamorcer ?

Square

En devenant parent, il y aura des bons moments et des moins bons moments. Vous connaîtrez les nuits trop courtes, les premiers rhumes qui vous empêchent de fermer l’œil, les premières colères, les gros chagrins. Si un sourire a le pouvoir d’effacer tout le reste, certaines fois, vous serez désemparé face à une énième crise parce que la petite demoizelle ou le petit monsieur pète une durite à cause d’un manteau ou d’une chaussette. Il / Elle a deux ans, l’âge terrible, l’adolescence enfantine. Vous haussez le ton, lui prenez la main, tirez sur son bras. Vous êtes incapable de réfléchir sous les coups de tonnerre et de cris qui sortent de la bouche de votre enfant. Ses hurlements vous font résonner le pavillon de l’oreille et finissent par vous mordiller le bout des nerfs.

Pourtant, vous passez peut-être à côté des vraies émotions de votre petit. Ses cris veulent témoigner de son agacement, de sa frustration, de son anxiété.

C’est une maman, Dejah Roman, qui a décrypté les émotions de nos bambins avec un texte percutant de réalisme.

Quand un enfant parle de ses colères

J’ai 2 ans. Je ne suis pas terrible… Je suis frustré. Je suis nerveux, stressé, accablé et confus. J’ai besoin d’un câlin.

Tiré du journal d’un enfant de 2 ans :

Aujourd’hui, je me suis réveillé et je voulais m’habiller seul, mais on m’a répondu : « Non, nous n’avons pas le temps, laisse-moi le faire. »

Cela m’a rendu triste.

Je voulais me nourrir pour le petit déjeuner mais on m’a dit : « Non, tu vas mettre le bazar, laisse-moi le faire pour toi. »

Cela m’a frustré.

Je voulais marcher jusqu’à la voiture et monter par moi-même, mais on m’a répondu : « Non, il faut y aller, on n’a pas le temps. Laisse-moi faire. »

Cela m’a fait pleurer.

Je voulais sortir de la voiture tout seul, mais on m’a répondu: « Non, nous n’avons pas le temps, laisse-moi faire. »

Cela m’a donné envie de fuir.

Plus tard, j’ai voulu jouer avec des blocs mais on m’a répondu « non, pas comme ça, comme ça… »

J’ai décidé que je ne voulais plus jouer avec des blocs. Je voulais jouer avec une poupée que quelqu’un d’autre avait, alors je l’ai prise. On m’a dit : « Non, ne fais pas ça ! Vous devez partager. »

Je ne sais pas trop ce que j’ai fait, mais cela m’a rendu triste. Alors j’ai pleuré. Je voulais un câlin, mais on m’a dit: « Non, ça va, retourne jouer. »

On me dit que le moment est venu de rentrer. Je le sais parce que quelqu’un n’arrête pas de dire : « Va chercher tes jouets. »

Je ne sais pas quoi faire, j’attends que quelqu’un me le montre.

« Qu’est-ce que tu fais ? Pourquoi tu restes planté là ? Ramasse tes jouets, maintenant ! »

Je n’avais pas le droit de m’habiller ou de déplacer mon propre corps pour aller là où je devais aller, mais maintenant on me demande de ramasser des choses.

Je ne suis pas sûr de ce que je dois faire. Est-ce que quelqu’un est censé me montrer comment procéder ? Où est-ce que je commence ? Où vont ces choses ? J’entends beaucoup de mots mais je ne comprends pas ce qu’on me demande. J’ai peur et ne bouge pas.

Je me suis allongé sur le sol et j’ai pleuré.

Quand il était l’heure de manger, je voulais prendre ma propre nourriture mais on m’a répondu : « non, tu es trop petit. Laisse-moi faire. »

Cela m’a fait me sentir petit. J’ai essayé de manger la nourriture devant moi mais je ne l’ai pas mise là où il fallait et quelqu’un n’arrêtait pas de dire : « tiens, essaye ça, mange ça… » en me fourrant des choses dans la bouche.

Je ne voulais plus manger. Cela m’a donné envie de jeter des choses et de pleurer.

Je ne peux pas descendre de la table parce que personne ne me laissera… Parce que je suis trop petit et que je ne peux pas. Ils continuent à dire que je dois prendre une bouchée. Cela me fait pleurer plus. J’ai faim, je suis frustré et triste. Je suis fatigué et j’ai besoin de quelqu’un pour me tenir. Je ne me sens pas en sécurité ou en contrôle. Cela me fait peur. Je pleure encore plus.

J’ai deux ans. Personne ne me laissera m’habiller, personne ne me laissera bouger mon corps là où il doit aller, personne ne me laissera m’occuper de mes propres besoins.

Cependant, je suis censé savoir comment partager, « écouter » ou « attendre une minute. » On s’attend à ce que je sache quoi dire et comment agir ou gérer mes émotions. Je suis censé rester immobile ou savoir que si je lançais quelque chose, il pourrait se casser… Mais je ne SAIS PAS ces choses.

Je ne suis pas autorisé à pratiquer mes compétences en matière de marche, de poussée, de traction, de fermeture éclair, de boutonnage, de versement, de service, d’escalade, de course, de lancer ou à faire des choses dont je sais être capable. Les choses qui m’intéressent et me rendent curieux, ce sont des choses que je ne suis PAS autorisé à faire.

J’ai deux ans. Je ne suis pas terrible… Je suis frustré. Je suis nerveux, stressé, accablé et confus. J’ai besoin d’un câlin. »

J’ai deux ans et j’ai besoin d’indépendance, d’accompagnement, de compréhension

On ne blâmera personne de faire preuve d’autorité. Mais ce texte met en lumière les émotions contrariées de nos enfants, qui en grandissant ont autant besoin d’être câliné, guidé mais aussi à qui il faut faire confiance.

Un enfant à qui on fait confiance, aura la chance énorme de savoir se débrouiller plus tard dans la vie.

Pour accompagner un enfant de deux ans vers son indépendance, il est important de lui laisser faire certaines choses tout seul, même s’il les fait « mal ». Laissons-lui mettre ses chaussettes par exemple, lui glisser une autre cuillère dans la main. Laissons-le se planter, essayer, recommencer, apprendre. Lâchons du leste…

Et qui sait… peut-être que la phase des crises inexpliquées se calmera d’elle-même.

Meilleure vente n4
Crises de violence explosives chez l'enfant
  • Scappaticci, Raphaëlle (Auteur)
Meilleure vente n6
100 idées pour accompagner les émotions des enfants et des adolescents : Mieux comprendre la...
  • émotions|Editions Tom Pousse|Vincent Henry & Christelle Vernh
  • Henry, Vincent (Auteur)